la vie de Chiara Luce
La vie de Chiara Luce
« Un chef-d’œuvre lumineux »
Chiara Badano voit le jour à Sassello (diocèse d’Acqui, province de Savone), le 29 octobre 1971, après 11 ans d’attente de ses parents. Elle vit une enfance et une adolescence sereines, dans une famille unie dont elle reçoit une solide éducation chrétienne. Elle est d’un caractère généreux, exubérant : dès l’âge de 4 ans elle choisit avec soin les jouets qu’elle veut offrir aux enfants démunis : « Je ne vais quand même pas donner des jouets cassés à des enfants qui n’en ont pas ! » Au cours préparatoire, elle est pleine d’attentions pour sa voisine de banc qui a perdu sa maman.
Présentation de la vie de ChiaraLuce
Pour connaître sa vie et sa spiritualité, voici un site:
Homélie lors de la béatification
Chers amis,
Permettez-moi tout d’abord de m’adresser aux jeunes venus nombreux dans cette
basilique. Votre participation est le signe que vous avez accepté de reprendre le
flambeau que vous a passé Chiara Badano, quand, les derniers jours de sa vie, elle disait
à sa maman qui l’assistait : « Les jeunes sont l’avenir. Tu vois, je ne peux plus courir,
mais j’aimerais leur transmettre le flambeau, comme aux Jeux olympiques [¼] Parce
qu’ils n’ont qu’une vie et il vaut la peine de bien la vivre ».
Cet ardent désir reprend comme en écho de ce que disait Jean-Paul II aux jeunes en
août 1990 : « Je vous répète, aujourd’hui encore, ce que j’ai dit à Saint-Jacques-de-
Compostelle : “Jeunes, n’ayez pas peur d’être saints” ! ». Et ensuite : « Volez à haute
altitude, soyez parmi ceux qui visent des objectifs dignes des enfants de Dieu. Glorifiez
Dieu par votre vie ! » (Message pour la VI° journée mondiale de la jeunesse, 15 août 1990).
Deux mois seulement après cette invitation du Pape, le 7 octobre 1990, Chiara, âgée de
18 ans, arrivait au terme de sa course.
Au cours de cette célébration eucharistique d’action de grâce à Dieu pour le don de sa
béatification, nous voulons exprimer notre gratitude envers la nouvelle Bienheureuse
pour avoir collaboré si généreusement avec l’action de la grâce divine, au point que
l’Église la propose comme un exemple à imiter.
Le passage de l’Évangile qui vient d'être proclamé nous montre de toute évidence que le
témoignage de Chiara Badano est aux antipodes du triste comportement du riche, de la
conduite de ceux qui ne pensent qu’à jouir et qui humilient leur prochain par leur
égoïsme. La seule chose qui les intéresse est le plaisir matériel. Dans leur triste vie il n’y
a pas de place pour Dieu ni pour la conscience morale, ni pour les valeurs authentiques
qui donnent toute sa dignité à la personne humaine. Malheureusement trop de personnes
considèrent la vie comme un temps à passer dans l’égoïsme, insoucieux des
conséquences négatives sur le vivre ensemble social.
« Toi, l'homme de Dieu – nous exhorte saint Paul dans sa lettre à Timothée – cherche à
être juste et religieux, vis dans la foi et l'amour, la persévérance et la douceur. Continue
à bien te battre pour la foi, et tu obtiendras la vie éternelle ; c'est à elle que tu as été
appelé, c'est pour elle que tu as été capable d'une si belle affirmation de ta foi devant de
nombreux témoins. » (1 Tm 6,11-13)
Accepter les défis de la foi chrétienne aujourd’hui, dans un contexte socioculturel
marqué par l’indifférence religieuse et le relativisme moral, n’est pas un choix facile.
Cependant aller à contre-courant de certains modes de vie devient plus facile quand on
trouve des exemples crédibles d’authenticité et d’altruisme, qui témoignent la joie vraie
et profonde de se donner soi-même. Chiara Badano est l’un de ces lumineux exemples
et je désire souligner certains aspects qui ont caractérisé son cheminement spirituel.
Tout d’abord, à la racine de sa vie il y a une foi ferme et constante dans l’amour de
Dieu, qui rejaillit en amour du prochain. Sa biographie montre une vie joyeuse, pleine
d’intérêts et de saines amitiés, signe que les exigences de la vie chrétienne ne sont pas
en conflit avec le désir naturel de bonheur. Bien au contraire, il s’agit d’une vie toute
centrée sur l’amour, puisqu’elle se modèle sur le Dieu des chrétiens et sur l’image qui
en découle pour l'homme et son cheminement dans l’histoire : « Dieu est Amour : celui
qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui. » (1 Jn 4,16).
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Celui qui se confie à Dieu qui est amour et avance avec la certitude que les dispositions
de sa providence sont ce qu’il y a de meilleur pour lui, pour son bonheur le plus complet
et le plus durable, expérimente une paix profonde, même s’il doit affronter les plus
grandes épreuves de la vie.
Grâce à sa foi dans l’amour de Dieu, Chiara, à l’heure de l’épreuve, a pris son envol,
parvenant à cette haute altitude dont parle Jean-Paul II. Elle est montée jusqu’au point
où resplendit la lumière de l’espérance chrétienne. « Maman, aie confiance en Dieu.
Cela fait, tout est fait. » Par ces mots à sa mère elle cherche à la consoler pour le
détachement qui semble imminent.
Devant la maturité chrétienne précoce de Chiara nous pouvons nous demander quels
éléments ont contribué à sa formation.
Sa famille, tout d’abord, a parfaitement accompli son rôle éducatif. Les parents de
Chiara, la maman Maria Teresa et le papa Ruggero, sont ici parmi nous. Ils vont fêter
d’ici peu le cinquantième anniversaire de leur mariage. Je désire les saluer avec une
affection toute particulière et les remercier d’avoir donné à l’Église un authentique
joyau de sainteté.
Chiara a aussi été aidée dans sa croissance par la communauté ecclésiale et son
environnement social. Elle a appris à admirer la bonté de Dieu dans la beauté de la
création, à découvrir l’amour de Jésus, les épisodes de sa vie et, à travers les paraboles,
la façon de lui faire plaisir et de grandir dans son amitié. Elle a appris en particulier à
écouter la voix de sa conscience, à obéir, à respecter les autres, à se rendre utile à son
prochain.
C’est pourquoi je ne peux pas manquer de remercier celui qui a été le Pasteur du diocèse
d’Acqui Terme dans les années où Chiara Badano accomplissait sa course vers la
sainteté, Mgr Livio Maritano. Je le salue cordialement, comme je salue Mgr Pier
Giorgio Micchiardi, l’évêque actuel qui conserve et promeut l’héritage de Chiara
Badano. Mes félicitations également à la Postulation qui a fait un soigneux travail pour
recueillir les nombreux témoignages et qui a suivi l’iter jusqu’à l’aboutissement actuel
du procès de béatification.
Je suis heureux de savoir que le maire de Sassello est ici et je le salue ainsi que les
autres autorités civiles. La reconnaissance des vertus d’une fille de votre terre est un
motif d’orgueil, mais c’est aussi la preuve des profondes racines chrétiennes qui ont
depuis toujours inspiré les valeurs humaines les plus élevées qui sont celles des
habitants du pays.
Dans l’histoire et dans la formation de Chiara Badano, le mouvement des Focolari a
joué un rôle important. Je suis heureux de saluer sa présidente, Maria Voce, et tous les
focolarini et les Gen qui, dans le monde entier et pas seulement ici à Rome, fêtent leur
jeune amie, qui vient d'être proclamée Bienheureuse.
Dès l’âge de neuf ans, Chiara a commencé à fréquenter les rencontres organisées par le
mouvement des Focolari. Dans ce cadre, elle a fait progressivement une forte
expérience communautaire de vie chrétienne, selon la spiritualité de l’unité qui
caractérise le charisme de Chiara Lubich, et elle s’est élancée vers les buts apostoliques
du mouvement. Dans le « saint voyage » de la vie, avec d’autres Gen, elle a appris à
approfondir son rapport personnel avec Dieu : son recueillement dans la prière est
devenu plus profond, incluant sa participation si possible quotidienne à la messe et à
l’Eucharistie. Elle a établi une relation d’amour avec Marie. Chiara a ainsi expérimenté
que pour avancer à la suite de Jésus l’intervention de la grâce est indispensable.
Quiconque veut aimer doit d’abord recevoir l’amour en don ; pour devenir une source
pour les autres, il faut boire à la source originelle qui est Jésus Christ.
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Chiara Badano a eu un échange assidu de correspondance avec la fondatrice du
mouvement des Focolari, si bien que, sur sa demande, comme vous le savez,
Chiara Lubich lui a donné un deuxième prénom : Luce. À travers cette correspondance
on peut voir que la jeune Chiara-Luce grandit dans la compréhension de la parole de
Dieu. Dans une de ses lettres on peut lire : « J’ai redécouvert l’Évangile sous une
nouvelle lumière. [¼] Maintenant, je veux faire de ce livre magnifique l’unique but de
ma vie. Je ne veux pas et je ne peux pas rester analphabète d’un message aussi
extraordinaire. »
On trouve aussi en elle un ardent amour pour Jésus au moment particulier de sa passion
qu’est l’abandon, quand il s’est écrié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu
abandonné ? » (Mc 15,34 ; Mt 27,46). Chiara Lubich avait en effet expliqué aux jeunes
de son âge que « Le Gen voit dans [chaque] souffrance une occasion extraordinaire de
devenir semblable à Jésus abandonné, et il lui offre sa peine. [¼] Si Jésus se sent
véritablement aimé, il sait comment vous récompenser : il vous remplit de cette joie
nouvelle que vous pourrez transmettre à tout le monde. Ce n’est pas tout : il fera de
vous des saints. [¼] Courage, Gen ! Remplissons le monde de saints » (Chiara Lubich au
Congrès international des Gen 3, juin 1972). Et Chiara-Luce, en réponse : « J’ai découvert
que Jésus abandonné est la clé de l’unité avec Dieu et je veux le choisir comme mon
premier époux et me préparer à sa venue. »
Voilà comment Chiara Luce grandit, pleine de lumière et enflammée d’amour… Elle
devient ainsi capable de ne pas lésiner sur les sacrifices, jusqu’à une épreuve très
difficile et dramatique : on lui diagnostique un ostéosarcome qui a déjà des métastases.
Chiara n’a pas encore dix-huit ans et les projets dont elle avait rêvé s’écroulent, la
découverte de la vie à laquelle elle s’éveillait est tronquée, mais elle garde la certitude
que Dieu est fidèle : son amour pour elle ne défaillira pas. Il sait, lui, quel est son vrai
bonheur. Ce qui triomphe dans l’âme de Chiara, même dans cette circonstance, c’est la
confiance, et elle est déterminée à maintenir l’engagement d’accomplir la volonté de
Dieu. Elle dit souvent : « Je ne guérirai plus, ça, je l’ai compris ; je dois faire la volonté
de Dieu et je suis prête à la faire ». Cette décision, elle la confirme à chacune des
phases de sa maladie : « Si tu le veux, Jésus, je le veux moi aussi ». Chaque souffrance,
Chiara la transforme en une offrande renouvelée : pour ses parents, pour ses amis, pour
l’Église dans son engagement au service des jeunes, pour le pape, pour la JMJ de
Compostelle.
Ses amis les Gen sont proches d’elle pour la soutenir par la prière dans sa donation
continuelle. Elle leur écrit : « Je sens très fort votre unité, vos offrandes, vos prières, qui
m’aident à me remettre dans la tension à la sainteté, en renouvelant mon oui instant par
instant » (Lettre aux Gen, le 4 octobre 1989).
Sa maladie a duré assez longtemps : de la première intervention en février 1989
jusqu’en octobre 1990. Une période au cours de laquelle elle a adhéré continuellement à
Celui qu’elle avait appris à appeler « mon Époux » : Jésus crucifié et abandonné. Elle
répondait ainsi à un besoin de donation totale d’elle-même. « Les occasions pour
étreindre mon Époux ne manquent pas » écrit-elle. Lorsque s’approche la grande
rencontre avec son Époux, Chiara attend avec impatience le paradis. Dieu lui fait
éprouver quelque chose de la joie qui l’attend à travers une expérience singulière
d’union à Dieu. Elle en parle avec simplicité : « Vous ne pouvez pas imaginer quel est
maintenant mon rapport avec Jésus. » Elle ajoute : « Je passe des journées où tout est
silence et contemplation… Je me sens enveloppée par un dessein magnifique qui se
révèle à moi peu à peu. »
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Le jour tant attendu arrive. C’est le 7 octobre 1990. Ses derniers mots sont : « Maman,
sois heureuse car je le suis ! »
Chiara Badano a été et est un exemple qui traduit de façon concrète et substantielle les
paroles de Benoît XVI, envoyées récemment aux jeunes, en préparation de la JMJ de
Madrid de 2011 : « Chers amis, la Croix nous fait souvent peur, car elle semble être la
négation de la vie. En réalité, c’est le contraire ! Elle est le “oui” de Dieu à l’homme,
l’expression extrême de son amour et la source d’où jaillit la vie. Car du coeur de Jésus
ouvert sur la Croix a jailli cette vie divine, toujours disponible pour celui qui accepte de
lever les yeux vers le Crucifié. Je ne peux donc que vous inviter à accueillir la Croix de
Jésus, signe de l’amour de Dieu, comme source de vie nouvelle. »
Face au don que représente Chiara-Luce Badano pour nous et pour toute l’Église, nous
ne pouvons qu’être en admiration et en action de grâce. À travers son témoignage, Dieu
vous stimule, surtout vous, les jeunes, à ne pas suffoquer l’ardent désir, si présent à
votre âge, d’une vie qui ait quelque chose de plus que la routine de la vie quotidienne ; à
aspirer à une vie qui atteigne cette grandeur et cette beauté, cette capacité d’amour
universel, que Dieu a imprimé dans la personne humaine en la créant à son image (cf.
message de Benoît XVI pour la XXVI JMJ 2009, 6 août 2010, n. 1
Date de dernière mise à jour : 05/07/2021